2ème dimanche ordinaire 2021

Sœurs et Frères,

Il y a une semaine, nous avons quitté le temps liturgique de Noël et avec le baptême nous sommes entrés dans le « temps ordinaire ». Aujourd’hui, l’Eglise propose à notre méditation deux textes d’appel, de « vocation » : celle de Samuel et celle des premiers disciples de Jésus au lendemain du baptême. Dieu « appelle » chaque chrétien.

Dans la première lecture, Dieu appelle par trois fois le jeune Samuel. Celui-ci croit  d’abord que c’est son maître, le prêtre Eli, qui l’appelle.  Il court se mettre à sa disposition. Celui-ci lui dit : « Je ne t’ai pas appelé ».  La troisième fois, Eli se rend compte que cet appel vient du Seigneur : « Si on t’appelle, tu diras : parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Samuel n’était pas capable de comprendre l’appel tout seul. Il a fallu qu’un aîné, qu’un homme qui a l’expérience de Dieu, lui explique que c’était le Seigneur qui appelait. Il a fallu qu’un aîné lui dise comment répondre.  L’appel crée une relation personnelle entre Dieu, mais pour y voir clair, « bien discerner » il faut parfois qu’un membre de la communauté nous aide à voir clair.

Cette réalité est confirmée dans l’évangile : l’appel du Seigneur passe par une autre personne : Jean Baptiste pour André et Jean ; André pour son frère Simon.

Regardons maintenant de plus près cet évangile :

La scène se passe au Jourdain, le lendemain du baptême de Jésus. Quelqu’un a compris ce qui s’est passé. Jean Baptiste. Alors qu’avant le baptême, Jean annonçait un juge sévère « La cognée est au pied de l’arbre », maintenant il dit « Voici l’agneau de Dieu …Il a vu Jésus entrer dans le Jourdain avec les pécheurs, pour se charger des péchés de tous les hommes et les sauver ».  Jean a compris alors la mission de miséricorde de Jésus et le prix que Jésus devra payer.

Jean Baptiste invite ses deux disciples, André et Jean à suivre Jésus. L’Evangile nous dit : « Alors Jésus se retourne et VOIT qu’ils le suivent ».  Dans ce passage de l’évangile, le mot voir a une place très importante :

  • Jean Baptiste pose son regard sur Jésus
  • Jésus se retourne et voit les deux disciples
  • Quand ils lui demande « ou demeures-tu », il dit  « Venez et voyez»
  • Ils l’accompagnent et voient où il demeure.
  • André amène son frère Simon à Jésus. Jésus pose son regard son regard sur lui …

Les mots « voir – regarder » nous montrent qu’il s’agit, dans ces appels, d’une relation personnelle entre personnes qui se voient, qui se regardent. Il s’agit d’une découverte de quelqu’un. Il nous arrive, lors d’une réunion, de remarquer quelqu’un, de croiser son regard ; cela peut être le début d’une relation très profonde.  Devenir chrétien, devenir disciple de  Jésus,  c’est se sentir regardé par lui, puis le regarder comme  quelqu’un de vivant. Devenir chrétien, c’est  avoir « expérimenté » le regard de Jésus, avoir regardé « où il demeurait ».  On n’est pas chrétien parce qu’on adhère à des vérités abstraites ; on est chrétien parce qu’on s’attache à une personne qui nous éblouit Jésus.  On n’est pas chrétien parce qu’on fait un certain nombre de rites  extérieurs ; on est chrétien parce que à travers certains signes comme l’Eucharistie et la Pénitence, on découvre que Jésus est vivant, qu’il me regarde, qu’il se donne à moi comme nourriture, qu’il me pardonne au prix de sa croix. L’expérience chrétienne est celle d’un frère, d’un ami ; Jésus c’est mon ami ;  ressuscité, il est vivant aujourd’hui, c’est mon contemporain. Quand nous lisons l’évangile, l’écriture,  ce n’est pas un livre « mort » que nous lisons … C’est la parole d’un vivant qui s’adresse à nous.

HOMÉLIE PARTAGÉE BAPTÊME DU SEIGNEUR B.

Pour entrer dans le mystère du Baptême de Jésus,
écoutons ce chant de la Communauté de l’Emmanuel:
“Tu es mon fils bien-aimé”.


« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie !»

(Marc 1, 7-11)

Introduction.

La fête du Baptême du Seigneur ouvre sa vie publique, après son épiphanie, sa manifestation, comme Enfant-Dieu, célébrée dimanche dernier. Cette fête clôture le Temps de Noël, où nous proclamons notre foi en la divinité de Jésus de Nazareth ; et aussi en notre propre divinisation dans le Christ : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ! » (Saint Irénée de Lyon, 2e siècle, Père de l’Eglise).

Jésus de Nazareth descend dans le Jourdain avec les pécheurs mais, quand il en remonte, le Père révèle en lui son Fils bien-aimé et l’Esprit le consacre dans sa mission. Quand Jésus sort de l’eau, « il ramène en quelque sorte, en l’élevant avec lui, le monde submergé » (St Grégoire de Nazianze, Cappadoce, 4e siècle, théologien et docteur de l’Eglise). Jésus nous invite ainsi à « renaître de l’eau et de l’Esprit » pour devenir fils et filles adoptifs du Père. Cette fête nous invite donc à revivre plus consciemment notre propre baptême.

Ce court évangile de Marc se présente en deux tableaux. Jean-Baptiste annonce le Messie et s’efface devant lui ; et il annonce le baptême dans l’Esprit-Saint. Puis, comme en repoussé, Jésus prend le devant de la scène et toute l’attention se porte sur la théophanie (manifestation de Dieu) qui suit son baptême. L’Esprit descend sur lui comme une colombe, la voix du Père se fait entendre pour désigner son Fils : les trois Personnes divines (St Ignace de Loyola préfère ce terme à celui de Trinité) sont présentes, révélant ainsi que Dieu est avant tout une communion de personnes dans un échange d’amour continuel.

Questions pour le partage.  Invitation à en choisir une personnellement, à partager.

  1. Cet évangile questionne l’image que je me fais de Dieu. Est-il pour moi ce Père Tout-Aimant (plus que Tout-Puissant) ? La Trinité est-elle pour moi cette communion de personnes dans laquelle je suis invité-e à entrer (comme sur l’icône de Roublev, où il y a une place vide devant les trois personnes attablées) ?
  • Est-ce que je commence ma prière personnelle par me mettre en présence de ce Dieulà, pour m’entendre dire, comme à Jésus : « Tu es, toi aussi, mon fils/ma fille bien-aimé-e. En toi, tel-le que tu es aujourd’hui, je mets tout mon amour. Tu fais toute ma joie ! » ?…
  • Mon baptême m’a fait entrer dans une grande famille : un Père qui m’aime, un Esprit d’Amour, un grand frère en Jésus-Christ, et tous mes frères et sœurs chrétiens et en humanité… Ai-je assez conscience de cette grâce qui m’est faite, de cet élargissement de mon cœur ?